Bravoart

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Clément Bérini fut l’une de ces voix retentissantes qui revendiquaient la place des arts visuels en Ontario à savoir son financement et sa visibilité, et ce, bien avant le projet des galeries éducatives (premier projet de promotion des artistes visuels francophones de l’Ontario), de PRO-ARTS (organisme de promotion et de diffusion créé dans le cadre des galeries éducatives) et donc, bien avant l’avènement de BRAVO. Car, avant 1970, il faut le dire, les arts visuels en Ontario français et dans le Nord ontarien n’avaient pas leur place.

Natif de Timmins, Clément Bérini est l’un des premiers à décider que l’art allait être l’objet de sa vie. En 1947, à l’âge de 17 ans, il décide d’aller suivre des cours privés de peinture à Montréal. Il y rencontre celui qui allait devenir son maître, Alphonse Lespérance, un artiste ayant fait ses études au Conservatoire de Rome en Italie où enseignaient les artistes-peintres chargés de la restauration des œuvres du Vatican. Au contact de Lespérance, Clément Bérini apprend le métier de restauration dans les églises du Québec de 1948 à 1960. Il revient ensuite dans sa ville natale où il entreprend plusieurs projets communautaires, donne des cours privés de peinture, offre des cours pour Northern College et devient le directeur artistique au poste de télévision CFCL alors à ses débuts. Il participe à la création et à l’essor du centre culturel La Ronde qui voit le jour au début des années 70. Il y crée des ateliers de peinture et de design, il y dirige le programme élargi des cours offerts à la communauté dans les métiers d’art. Entre-temps, il s’adonne aussi à des travaux d’architecture et de décoration d’intérieur, fait un peu d’enseignement à l’école secondaire Thériault et entreprend de nombreux projets communautaires avec les résidents de la ville.

Dépositaire de la tradition académique en peinture, il forme plusieurs artistes et fait figure de sage professeur à leur endroit. C’est au milieu des années 70 qu’il élabore son style de maturité après plusieurs années de recherche pour se libérer, comme il aimait le dire, du geste académique. Jusqu’à sa mort, il aura été le mentor et l’artiste bien en vue du nord. Il aura œuvré auprès des communautés francophones et anglophones avec le même élan et le même idéal et aura participé à la formation de Perspectives 8. Bien que récipiendaire du prix Trillium, il ne connaîtra pas de grands succès sur la scène artistique à l’extérieur de l’Ontario. Toutefois, il aura marqué la nouvelle génération qui, aujourd’hui, prend sa place et élargi l’espace artistique ontarien. (texte>Lise Goulet photo>Susan Gervais)