Bravoart

“Chez Cézanne, la beauté est formée de rencontre à tous les niveaux. Au niveau de la nature représentée, une rencontre entre le caché et le manifeste, entre le mouvant et la fixité, rencontre entre l’esprit de l’homme et et celui du paysage à un moment privilégié, rencontre du tremblant, du vibrant, de l’inachevé…..”(François Cheng) Mon cheminement comme artiste se fait en avançant du côté vers lequel je dirige mon regard. Cette “dé-marche” d’introspection, débutée comme jeune artiste des années 70, m’a amenée à puiser dans la part invisible de l’iceberg-- métaphore représentant la profondeur de l’être humain: le visible dixième pour neuf dixièmes d’invisible. J’approfondis l’espace du silence, espace sacré, lieu du mystère, de l’insaisissable. La cire fluide de l’encaustique se prête bien à mon exploration. Dans mes tableaux récents, j’utilise l’image d’une rivière “temporelle” ( allusion faite à la “pierre temporelle”) qui coule vers le haut , fluide pour être féconde, sortant de l’ombre et qui file à gauche, vers un quelconque au-delà. On ne perçoit pas le mouvement de la rivière profonde… Elle ne s’agite pas. C’est au fond des choses que les rencontres se font, que la beauté émerge. Comme artiste, l’intégration du vécu, les dépôts au fond de ma rivière, les restes de naufrages comme les trésors enfouis, je les accueille comme ils se présentent, avec le plus d’authenticité possible. Depuis les couches successives de cire, remontent à la lumière du jour, des fragments de subconscient. Ce sont les fils qui relient le visible à l’invisible, le sacré au profane, le corps à l’âme et qui, dans la profondeur du silence, ont tissé l’esquisse sous la cire de mes récents tableaux.